Atelier de discussion mensuel du 23 février

Animation et présentation effectuées par Jean Claude

Thématique du 23 Février : Pourquoi et comment devenir une personne aidante ?

Première présentation de 10 mn Pourquoi devenir une personne aidante ?
Le mal être, les situations de violences, l’aide au grand âge, les difficultés socio économiques qui amènent ce questionnement et permettent de développer des compétences appropriées. Différentes cibles d’aides spécifiques pourront être identifiées.

Seconde présentation de 10 mn Comment devenir une personne aidante ?
Développer une compétence d’aide non professionnelle s’avère indispensable pour pouvoir aider avec pertinence et bienveillance. Différents outils et méthodes seront identifiés.

Bilan de la séance : Comment agir ici et demain ? Propositions de thématiques d’expérimentations concrètes définies dans l’agenda de Mars
Jean Claude
blog : https://mdegre.wordpress.com/
Mail : jecserres@gmail.com

Quelques apports documentaires

Développer la relation d’aide non professionnelle
Devenir un aidant bienveillant ne s’improvise pas. La résilience cette aptitude à résister aux crises et aux traumatismes ne conduit pas naturellement à la plénitude ni au sourire intérieur. Développer une forme de résilience bienveillante demande de l’effort, de la persévérance et une bonne dose d’altruisme. La bienveillance est tournée vers soi autant que vers les autres. Cela ne va pas de soi, quand on est confronté à une rupture professionnelle ou familiale, une maladie grave, à la survenu d’un accident, d’un handicap ou à la perte d’un proche.
« L’aidant » peut être la personne directement concernée, un proche ou une personne non directement concernée. Devenir un aidant bienveillant consiste à acquérir différentes compétences, accessibles pour chacun de nous. C’est un chemin personnel de recherche et d’expérimentations successives. Il n’existe pas de recette miracle. L’approche préventive est préférable. Cependant il n’est jamais trop tard pour chercher à progresser.

Le but est d’inciter à se mettre en chemin afin de progresser dans le devenir d’un « aidant bienveillant ». C’est aussi d’inciter à partager le vécu, à témoigner en discussions profonde et apaisée, des difficultés et problèmes rencontrés. Partager avec humilité les expériences vécues et les progrès constatés peut devenir une incitation à cheminer pour les autres, à devenir un « aidant bienveillant » quels que soient la situation ou le contexte.

Questions de postures !
Je vis dans la joie d’aimer plutôt que dans la peur de ne pas être aimé
Je vis a priori dans une confiance lucide de l’autre et du nouveau, plutôt que dans la crainte de ce que je ne connais pas
La cible éclaire le chemin qui la construit.

Cette dernière phrase d’inspiration bouddhiste révèle que l’essentiel est le chemin et que le but est secondaire sans enjeu ! Cela est bien déroutant pour l’occidental imprégné de la culture du but et des objectifs à atteindre. L’enjeu devient la posture, pas après pas, tout au long du chemin, disponible et pleinement attentif à ce qui advient.


Pour apprendre à communiquer en profondeur et de manière apaisée (apports de Dennis Gira) :
Prendre du recul sur les idées reçues (les miennes, celles que je reçois des autres)
Dialoguer malgré les blessures et les échecs
Faire l’effort pour comprendre soi puis l’autre
•Le chemin est piégé depuis le début par les mots, les langues, et les cultures
•Par la pratique de l’écoute « systémique » (vocabulaire, pluralité des sources, des cultures, des pratiques et des connaissances)
Développer la patience, le respect, la rigueur, l’humilité et l’audace pour faire malgré les difficultés
Dialoguer dans la durée, avec une confiance lucide partagée.

Les pistes et chemins de progrès :
A – Développer l’écoute et la communication assertive
Des problèmes de la communication :
La communication profonde et intime se heurte à plusieurs obstacles. Le vocabulaire et les mots que nous utilisons sont de plus en plus connotés par chaque chemin de vie. Nous croyons être compris alors que le sens donné à certains mots tels qu’ aimer, éduquer, politique de gauche ou de droite, méditation, pratique spirituelle, spiritualité…etc. Ces termes recouvrent des acceptions tellement différentes que nous ne nous comprenons pas ou faisons des interprétations erronées sans le déceler.
Nous utilisons des « canaux » de communication fort différents : les auditifs, les visuels, les kinesthésiques ou encore les rationnels, les logiques, les littéraires…Certains sont focalisés sur le sujet de la conversation, d’autres sur la qualité de la relation, sur les enjeux, les solutions ou encore les actions concrètes. Beaucoup de discussions tournent à des joutes argumentaires sans profondeur et surtout non apaisées.


Une communication assertive implique une certaine forme de confiance en soi. Il ne s’agit pas d’être imbu de sa personne mais d’être réaliste. C’est-à-dire pouvoir être en pleine connaissance de ses limites, de ses insuffisances et de ses défauts comme de ses compétences et de ses qualités. Cette perception objectivée et équilibrée de soi permet de s’accepter tel que l’on est, seul ou en société.


B – Pratique de l’écoute systémique et non directive
Le développement des capacités d’écoute est sans fin. Il y a mille façons d’apprendre à discerner en soi (introspection) et chez les autres (empathie – intelligence interpersonnelle). C’est un chemin de progression paradoxal. L’objectif est de parvenir à une écoute non directive, c’est-à-dire non orientée par nos propres attentions ou objectifs. Cependant pour développer il m’a été nécessaire d’acquérir, de construire et d’intérioriser multiples grilles de discernement. Quelques unes seront présentées dans le chapitre suivant concernant les techniques d’accompagnement. L’autre dimension paradoxale est que pour développer l’écoute de l’autre, il est nécessaire de bien se connaître et ainsi de développer l’écoute de soi. C’est le seul moyen de déceler ses intentions cachées pour s’en détacher.

C – Acquérir le souci de soi et des autres
Le « souci de soi » évoque généralement le besoin de prendre soin de soi dans une perspective égotique du développement personnel. Les injonctions sociétales chronophage, individualisante et responsabilisante induisent la « fatigue » d’être soi et ainsi émerge ce besoin de prendre soin de soi.
Apprendre à écouter l’autre dans sa différence demande à discerner le propos questionné, objet de la discussion en profondeur, l’identité propre de chacun, c’est-à-dire ses singularités comme le « bien commun » partagé et enfin la qualité de la relation. Cette qualité relationnelle permet d’avancer chacun dans cet espace de fragilité ou « espace transitionnel » de bienveillance réciproque. Le questionnement est centré sur les concepts ou les témoignages de vécu, dans le respect et le non jugement des postures identitaires.

D – Quelques outils de la pensée complexe
Nous avons déjà vu l’importance d’établir une carte du monde et d’équilibrer la prise en compte du passé de la situation et du futur. Construire une carte du monde multipolaire et équilibrée permet de sortir des postures de jugement et à pôle unique. Dans l’analyse de risque par exemple cela permet de visualiser simultanément les menaces, les opportunités, les points forts et les points faibles. Cela permet aussi de prendre en compte la diversité des points de vus. C’est un excellent travail de préparation au débat ou à la prise de décisions complexes, à fort enjeux.
L’équilibre dynamique entre Passé, Futur et Présent est aussi une façon d’équilibrer les enjeux comme d’accéder à une communication plus assertive. Dans les trois temporalités il est judicieux d’équilibrer les aspects positifs et négatifs. En situation de souffrance, le passé douloureux et le présent qui épuise ne doivent pas effacer la mémoire du libre d’or des réussites passées et le poids des petits moments de bien être qui peuvent surgir au présent
L’ago antagonisme (ce qui revient à faire simultanément l’un et son contraire) est un des outils majeurs de la pensée complexe. Par exemple l’innovation de rupture ne s’oppose pas à la progression à petit pas. Les deux approches ne s’appliquent pas dans le même espace ou contexte. A la place de les opposer, il est possible de les apposer, de les faire fonctionner ensemble.
Faire face à l’incertitude
Dans notre société en pleine mutation nous sommes confrontés à l’inconnu dans nombreux plans de vie : mutation des métiers, fragilité de la vie en couple ou en famille, fragilité des dynamiques sociales et politiques, déséquilibre écologique de la planète, mutation numérique. Nous sommes contraints d’accepter l’incertitude. A défaut nous vivons dans la peur et le repli. Penser en terme de maîtrise des risques globaux pour aujourd’hui et pour demain devient essentiel. La carte du monde multipolaire est un outil essentiel. Maîtrise du risque et innovation (ou capacité d’adaptation. Ce sont les deux faces d’une même pièce de monnaie.
L’élaboration d’une carte du monde multipolaire des risques ou enjeux globaux résulte d’une forme de méditation de pleine connaissance qui sera évoquée plus loin.
Le futur n’est pas le résultat de choix parmi plusieurs chemins différents offerts par le présent, mais un endroit qui est créé, d’abord dans l’esprit et la volonté et ensuite dans l’activité.
Le futur n’est pas un endroit où nous allons mais un lieu que nous créons.
Les chemins ne sont pas à trouver mais à construire ; et cette activité change à la fois celui qui la produit et la destination. (John Schaar)

E – La conduite du changement
Cette thématique sera abordée dans un temps ultérieur. C’est un cheminement essentiel dans la relation d’aide professionnelle comme non professionnelle :
En quelques mots : ne pas être solutionneur mais accompagner avec doigté et sensibilité le franchissement de « vallées du désespoir » afin de sortir du déni, de la colère et de construire une bifurcation réparatrice et transformante. La personne aidée est l’actrice du diagnostic comme du changement en particulier dans le cadre d’une relation d’aide non professionnelle.
Extraits de « Comment vivre le changement permanent ? »
Jean Claude Serres – Décembre 2022

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